Adam, sors !

La victoire du Crucifié commence. L'Auteur de la vie se rend présent aux âmes captives. L'Évangile de la vie résonne dans les abîmes de l'au-delà : les péchés sont pardonnés ; le prince de la mort, neutralisé ; la voie du ciel s'ouvre désormais aux repentants.

7. Adam, sors !

« La Bonne Nouvelle a été annoncée même aux morts » (1 Pierre 4, 6). La descente aux enfers est le dernier chapitre de la geste du Messie.

Le cadavre de Jésus gît dans le tombeau ; une pierre est scellée sur son dernier sommeil. « Mon cœur, tu vas être le sépulcre où Jésus dort », chante posément, dans la Passion selon saint Matthieu de Bach, l'aria de basse.

Le silence du grand sabbat de la Pâque attend la fulguration du lendemain ; des générations de justes soupirent pour l'heure de délivrance. Le Fils de Dieu ne perd pas son temps : l'âme très sainte du Sauveur, séparée de son corps écrasé, plonge humblement dans les ténèbres de la mort, restant en-deçà de l'enfer des damnés.

La victoire du Crucifié commence. L'Auteur de la vie se rend présent aux âmes captives. L'Évangile de la vie résonne dans les abîmes de l'au-delà : les péchés sont pardonnés ; le prince de la mort, neutralisé ; la voie du ciel s'ouvre désormais aux repentants.

Le séjour a été réel, bref, grandiose. « Jésus a rejoint dans les enfers les justes, qui attendaient leur Rédempteur pour pouvoir enfin accéder à la vision de Dieu » (Compendium du Catéchisme de l'Église, n° 125).

Dominique Beccafumi, Descente du Christ aux Limbes (Sienne, 1535).

Depuis Adam et Ève, des milliers de pécheurs repentis désirent voir le Messie. Le Nouvel Adam, après avoir effacé la ruine du premier parent, le rejoint dans les ombres pour lui faire partager la gloire. «Lève-toi d'entre les morts et le Christ resplendira sur toi» (Éphésiens 5,14)

Les traditions primitives et, par la suite, les artistes ont imaginé sans peine la rencontre saisissante entre le Sauveur, qui réveille à la vie, et Adam ébloui de reconnaissance. Dominique Beccafumi, maître de la Renaissance toscane, a peint la scène à deux reprises (ici, celle de Sienne, 1535).

L'Agneau divin, « devenu le grand berger des brebis grâce au sang de son sacrifice » (Hébreux, 13,20), rassemble le troupeau de ses frères.

Le samedi saint est le temps du triomphe invisible dans l'au-delà. Nous glorifions le Crucifié. Notre prière de Pâques pourra aussi s'élever en suffrage pour nos défunts ainsi que pour la conversion des pécheurs.

Abbé Fernandez