Au cœur du Congo

Un témoignage du Docteur Lumu Kambala, père de six enfants, directeur adjoint du Centre Hospitalier Monkolé, créé à l’initiative de membres de l’Opus Dei en République Démocratique du Congo.

Le docteur Lumu Kambala, directeur adjoint de Monkolé

Comme tant de personnes dans le monde, j’ai connu l’Opus Dei grâce au livre Chemin . Cet ouvrage m’a ouvert des horizons à beaucoup de niveaux, et pas seulement sur le plan spirituel. En effet, le message de Chemin , la sanctification du travail, a d’énormes implications sociales. Il est dit en Chemin que l’engagement pour le Christ conduit nécessairement à la solidarité avec les autres, à assumer les problèmes d’autrui comme s’ils étaient à nous, en tâchant de leur trouver une solution. En Afrique, au Congo, nous avons beaucoup de problèmes très difficiles à résoudre à court et à long terme.

Le problème de la santé est l’un des plus graves à résoudre.

Nous manquons de médecins, nous manquons d’hôpitaux, nous manquons d’infirmières. Et il nous manque surtout une instruction de base à la santé qui éviterait de nombreuses maladies. La plupart de nos patients ont le malaria ou le paludisme. Les chrétiens, chaque chrétien, doit tâcher d’apporter une réponse responsable, personnelle, en conscience, aux problèmes de la société. Monkole est né pour répondre aux besoins sanitaires concrets d’une zone des bidonvilles de Kinshasa, à caractère semi-rural, très dépourvue, qui n’a ni moyens de transports, ni infrastructures élémentaires. Ceci fait que les patients qui ont besoin d’un secours médical urgent ont de très grandes difficultés pour se déplacer et arriver à temps à l’hôpital. En quinze ans, pas à pas, Monkolé a grandi. Il compte maintenant quatre services : urgence, hospitalisation, chirurgie et maternité. Les enfants, fréquemment atteints de paludisme, représentent 40% de nos patients.

Une consultation à un dollar

Tous ceux qui travaillent à Monkolé essaient de pratiquer, dans la mesure du possible, une médecine de qualité au service de personnes aux ressources financières nulles ou très faibles. En effet, notre objectif est de pratiquer une médecine de qualité qui ne soit pas réservée aux couches sociales les mieux loties mais à la portée de tous, quelle que soit leur situation financière. Nos patients règlent ce qu’ils peuvent ; pour la plupart, c’est une quantité symbolique qui les aide à apprécier ce qu’ils reçoivent : un dollar. Une partie du financement de l’hôpital se fait grâce à une fondation apporte 20% des ressources. Le reste est issu de fonds propres. De plus, nous comptons sur la collaboration de jeunes médecins et étudiants des dernières années de médecine de l’université de Kinshasa.

Une aide pour les familles

Tout cela contribue au développement humain et économique de la zone et apporte des solutions positives aux familles. Récemment, un couple est venu me voir en consultation. Elle était enceinte de six mois et ils m’ont dit qu’ils se demandaient s’il ne fallait pas se débarrasser du bébé parce qu’ils n’avaient pas de quoi le faire vivre. Je les ai encouragés à l’avoir en leur disant « si cela vous pèse tant, ne vous faites pas de souci : dès qu’il sera né, je l’adopterai et il vivra chez moi comme un enfant de plus ». Au bout de trois mois, ils ont eu un enfant très beau et ils lui ont donné mon prénom, pour me montrer leur reconnaissance. Lorsqu’ils me l’ont annoncé, je leur ai demandé, en plaisantant, s’ils me le donnaient en adoption. « Ah ! ça jamais ! me dirent-ils, heureux ! Même pour tout l’or du monde. ! »