Conducteur de tracteur, facteur, agriculteur... l'histoire de Fernand

À 75 ans, Fernand a fait de tout dans sa vie : agriculteur, trayeur de vaches, livreur, facteur... Il nous parle de sa vocation : "ça me concerne, moi qui ai toujours tant travaillé"

Fernand quitte l’école à 12 ans pour le monde du travail :mes parents avaient besoin de moi et j’ai commencé à faire des cagettes de fruits avec un support en bois de châtaignier.

Fernand aimait les maths. Volontaire pour le service militaire, à 18 ans, il eut son permis de tracteur et fut embauché dans une propriété de la région.

Saisonnier, c’est en France qu’il s’investit dans la récolte des betteraves et la traite de 25 vaches, matin et soir.

« Nous en avons bavé. Le week-end, je faisais des heures supplémentaires dans une fabrique de tissus. Je distribuais des sacs de farine aux boulangers de la région»

En 1964, Fernand passe un concours à la Poste et, entre 16.000 candidats pour 2.600 places, il le réussit et devient facteur.

Fernand, un grand dévot de Notre Dame du Carmel passa ce concours le jour de cette fête, je l’ai intensément priée et j’ai réussi.

Une très belle écriture, sans fautes d’orthographe lui a permis de copier des actes de notaire. Il acquit des rudiments de comptabilité. «Je distribuais des lettres sans adresse, je connaissais les 52 rues de la vieille ville et les noms de tous les habitants. Je suis arrivé à distribuer 800 colis en une seule journée. »

Son père décédé dans un accident, il devint alors chef de famille, auprès de sa mère et de trois sœurs. "Nous en avons bavé. Le week-end je faisais des heures supplémentaires dans une fabrique de tissus pour livrer les commandes. J’ai distribué tant de sacs de farine chez les boulangers de la zone que j’ai été immunisé contre le mal au dos."

Fernand s’est marié à 33 ans, le même jour qu'une de ses sœurs. Aujourd’hui,il a deux enfants et deux petits enfants. Facteur durant 40 ans, il eut l’occasion un jour d’assister au cours de formation que faisait un membre de l’Opus Dei dans un village tout près de chez lui.« Aimer Dieu par dessus tout ! c'est ce qui m'a le plustouché, ainsi que faire du bien aux autres. Je me suis dit : ça, ça me concerne, moi qui ai toujours tant travaillé ».

Il a été touché par la mort de saint Josémaria Escriva et un peu plus tard, après avoir assisté à une réunion avec mgr Alvaro del Portillo, à l’Université de Navarre, il se décide à demander son admission à l’Opus Dei en tant que membre surnuméraire. « Je lui écrivis une lettre de ma plus belle écriture, en toute liberté et de tout cœur. Ma femme m’a toujours encouragé. »

Retraité à 61 ans, il reprit une propriété de famille au village.

« À partir de ce jour-là, je me levais une heure plus tôt pour aller à la messe en vélo avant ma tournée de facteur. J’arrivais, tant bien que mal, à suivre mon programme spirituel de la journée. J’ai compris ce qu’est la vraie joie. Je m’appliquais à mettre les adresses de ceux qui savaient à peine écrire. Je faisais des remarques aux stagiaires qui blasphémaient au bureau. »

« Aimer Dieu par dessus tout ! c'est ce qui m'a le plustouché, ainsi que faire du bien aux autres. Je me suis dit : ça, ça me concerne, moi qui ai toujours tant travaillé ».

À 61 ans il eut droit à sa retraite anticipée et prit en charge une propriété familiale près du village : je l’ai débroussaillée, j’ai planté des cerisiers, des abricotiers, des pommiers, des nectarines et des poiriers. Il m’est arrivé que la grêle me fauche toute ma récolte : des milliers de kilos de fruits en un instant. Le Seigneur le permit ainsi.Les villageois ont été frappés par la façon dont il a redressé cette affaire de famille en allant jusqu’au bout de ses démarches.

Fernand est fier de sa vocation: mon apostolat consiste à inviter mes amis, les retraités des environs, à prendre de bons œufs au plat avant notre cours de formation ou une projection de film sur saint Josémaria. Il les aide à être courageux : "à quoi bon être lâches ?" dit-il. Jusqu'à une date récente, Fernand rendait visite à d'autres personnes de l'Œuvre, malades, dans les villages des alentours, et leur transmettait les moyens de formation.

« C’est grâce à la prière que l’on garde l’amour de Dieu, que l’on parvient à être vraiment chrétien. C’est notre nourriture, sans laquelle on s'affaiblit, on cède à la tiédeur. Elle m’aide même à maîtriser mon caractère. Voilà ce que l’Œuvre m’a appris et ce que ma femme et mes enfants ont pu constater chez moi durant toutes ces années. »