Les Fioretti du Pape François en janvier

Pendant son voyage aux Philippines et au Sri Lanka, le Pape a encouragé les familles : "Ne perdons pas la liberté de la mission que Dieu nous donne, la mission de la famille !"

Le dieu argent qui exclut et crée la culture du rejet

Audience du 21 janvier 2015 :

« Les familles en bonne santé sont essentielles à la vie de la société. Cela console et donne de l'espérance de voir tant de familles nombreuses qui accueillent les enfants comme un vrai don de Dieu. Elles savent que chaque enfant est une bénédiction.

J'ai entendu dire de la part de certains que les familles nombreuses et la naissance de tant d'enfants sont une des causes de la pauvreté. Cela me semble une simplification. Nous pouvons tous dire que la cause principale de la pauvreté est un système économique […] qui a mis au centre le dieu argent […] qui exclut et crée la culture du rejet. Nous nous sommes habitués à voir les personnes rejetées. C'est cela la principale cause de la pauvreté, non pas les familles nombreuses ».

Ce système économique « exclut toujours : il exclut les enfants, les personnes âgées, les jeunes, les chômeurs,et il crée la culture du rebut... C'est la cause principale de la pauvreté, et non les familles nombreuses. »

Non à la colonisation idéologique contre la famille !

À Manille, le 17 janvier 2015 :

« Soyons attentifs aux nouvelles colonisations idéologiques. Il y a des colonisations idéologiques qui cherchent à détruire la famille. Elles ne naissent pas du rêve, de la prière, de la rencontre avec Dieu, ni de la mission que Dieu nous donne. Elles viennent du dehors, c'est pour cela que je dis que ce sont des colonisations.

« J'ai vu moi-même, il y a vingt ans [en Argentine], une ministre de l'instruction publique qui avait besoin d'un prêt important pour faire la construction d'écoles pour les pauvres.

On lui a accordé le prêt à condition que, dans les écoles, il y ait un livre pour les enfants d'un certain niveau. C'était un livre scolaire, un livre bien fait sur le plan didactique, où l'on enseignait la théorie du genre. Cette femme avait besoin de l'argent du prêt, mais c'était la condition. Elle a été maligne, elle a dit oui et elle a fait faire un autre livre et elle a distribué les deux et c'est comme cela qu'elle a réussi […] Cela, c'est de la colonisation idéologique : on colonise avec une idée, qui n'a rien à voir avec le peuple ».

Ne perdons pas la liberté de la mission que Dieu nous donne, la mission de la famille ! Et de même que nos peuples, à un moment de leur histoire sont parvenus à maturité pour dire 'non' à toute colonisation politique, nous devons, comme famille, être très clairvoyants, très habiles et très forts pour dire 'non' à toute tentative de colonisation idéologique de la famille ; et demander à saint Joseph, qui est l'ami de l'ange, de nous envoyer l'inspiration pour savoir quand on peut dire 'oui' et quand il faut dire 'non'.

Les pressions sur la vie de la famille aujourd'hui sont nombreuses. […] La situation économique a provoqué la désintégration des familles avec l'émigration et la recherche d'un emploi ; en outre, des problèmes financiers étreignent beaucoup de foyers. Tandis que trop de personnes vivent dans la pauvreté extrême, d'autres sont saisies par le matérialisme et par des styles de vie qui détruisent la vie familiale et les exigences les plus fondamentales de la morale chrétienne. La famille est aussi menacée par les efforts croissants de certains pour redéfinir l'institution même du mariage à travers le relativisme, la culture de l'éphémère et un manque d'ouverture à la vie, […] condition du sacrement de mariage : la femme ne peut donner le sacrement et l'homme, à la femme, s'ils ne sont pas d'accord sur l'ouverture à la vie. A tel point que, si l'on peut prouver que celui-ci ou celle-là s'est marié sans l'intention d'ouverture à la vie, c'est une cause de nullité […]

Paul VI, à un moment où se posait le problème de l'accroissement de la population, a eu le courage de défendre l'ouverture à la vie dans la famille. Il savait les difficultés qui se trouvent en toute famille, c'est pour cela que, dans son encyclique [Humanae vitae] il a été si miséricordieux pour les cas particuliers ; et il a demandé aux confesseurs d'être très miséricordieux et compréhensifs. […] Mais il a regardé au-delà : il a regardé les peuples de la terre, et il a vu cette menace de destruction de la famille par la privation d'enfants. Paul VI était courageux, c'était un bon pasteur et il a mis en garde ses brebis contre les loups qui arrivent. Lui considérait le néo-malthusianisme universel, qui était déjà en cours. […]

Notre monde a besoin de bonnes et fortes familles pour vaincre ces menaces ! […] Chaque menace contre la famille est une menace contre la société elle-même. L'avenir de l'humanité, comme saint Jean-Paul II l'a souvent dit, passe par la famille (cf. Familiaris Consortio, n. 85). Donc, protégez vos familles ! Voyez en elles le plus grand trésor de votre nation et nourrissez-les toujours de la prière et de la grâce des sacrements. Les familles auront toujours leurs épreuves, elles n'ont pas besoin qu'on leur en rajoute d'autres ! Au contraire, soyez des exemples d'amour, de pardon et d'attention. Soyez des sanctuaires de respect pour la vie, en proclamant la sacralité de chaque vie humaine depuis la conception jusqu'à la mort naturelle. Quel grand don ce serait pour la société, si chaque famille chrétienne vivait pleinement sa noble vocation ! Alors, levez-vous avec Jésus et Marie, et préparez-vous à parcourir la route que le Seigneur trace pour chacun de vous. »

'Visiter' signifie ouvrir les portes, et non pas se retirer dans ses appartements

Message aux journées de communication sociale, 24 janvier 2014 :

« La famille est […] le premier lieu où l'on apprend à communiquer 'Or, quand Élisabeth entendit la salutation de Marie, l'enfant tressaillit en elle. Alors, Élisabeth fut remplie d'Esprit Saint, et s'écria d'une voix forte : "Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni" » (Lc 1, 41-42). […] Exulter pour la joie de la rencontre est en quelque sorte l'archétype et le symbole de toute autre communication que nous apprenons bien avant de venir au monde. Le sein qui nous accueille est la première "école" de communication, faite d'écoute et de contact corporel, où nous commençons à nous familiariser avec le monde extérieur dans un environnement protégé et au rythme rassurant des battements du cœur de la maman. Cette rencontre entre deux êtres aussi intimes et encore aussi étrangers l'un à l'autre, une rencontre pleine de promesses, est notre première expérience de communication. Et c'est une expérience qui nous unit tous, parce que chacun de nous est né d'une mère.

Même après la naissance, nous restons dans un certain sens dans le "sein" que représente la famille. Un sein constitué de personnes différentes, en relation : la famille est le « lieu où l'on apprend à vivre ensemble dans la différence » (Exhort. Apost. Evangelii gaudium, n. 66). Différences de genres et de générations, qui communiquent avant tout afin de s'accueillir mutuellement, car il existe un lien entre elles. Et, plus large est l'éventail de ces relations, plus sont différents les âges, plus riche est notre cadre de vie. […] C'est dans la famille que l'on apprend à parler dans la "langue maternelle", c'est-à-dire la langue de nos ancêtres (cf. 2 M 7, 25.27). En famille on se rend compte que d'autres nous ont précédés, qu'ils nous ont mis dans la condition d'exister et de pouvoir à notre tour engendrer la vie et faire quelque chose de bon et de beau. Nous pouvons donner parce que nous avons reçu, et ce cercle vertueux est au cœur de la capacité de la famille à se communiquer et à communiquer ; et, plus généralement, c'est le paradigme de toute communication.

C'est dans la famille que se développe principalement la capacité de s'embrasser, de se soutenir, de s'accompagner, de déchiffrer les regards et les silences, de rire et de pleurer ensemble, entre des personnes qui ne se sont pas choisies et qui pourtant sont si importantes l'une pour l'autre ; cela nous fait comprendre ce qu'est vraiment la communication comme découverte et construction de proximité. Réduire les distances, se rencontrer et s'accueillir mutuellement est un motif de gratitude et de joie : de la salutation de Marie et du tressaillement du bébé jaillit la bénédiction d'Élisabeth, suivie par le beau Cantique du Magnificat, dans lequel Marie fait l'éloge du dessein d'amour de Dieu sur elle et sur son peuple. D'un "oui" prononcé avec foi découlent des conséquences qui vont bien au-delà de nous-mêmes et se répandent dans le monde. 'Visiter' signifie ouvrir les portes, et non pas se retirer dans ses appartements, sortir, aller vers l'autre. Ainsi la famille est vivante si elle respire en s'ouvrant au-delà d'elle-même, et les familles qui le font, peuvent communiquer leur message de vie et de communion, peuvent donner réconfort et espérance aux familles plus blessées et faire croître l'Église elle-même, qui est la famille des familles. […]

Aujourd'hui les médias plus modernes, qui surtout pour les plus jeunes sont désormais indispensables, peuvent tout aussi bien entraver qu'aider cette communication en famille et entre familles. Ils peuvent l'entraver s'ils deviennent un moyen de se soustraire à l'écoute, de s'isoler de la présence physique, avec la saturation de chaque instant de silence et d'attente, oubliant d'apprendre que 'le silence fait partie intégrante de la communication et sans lui aucune parole riche de sens ne peut exister.' (Benoît XVI, Message pour les communications sociales 46e JMCS, 24.01.2012). Ils peuvent la favoriser s'ils aident à dire et à partager, à rester en contact avec ceux qui sont éloignés, à remercier et à demander pardon, à rendre toujours à nouveau possible la rencontre. Redécouvrant chaque jour ce centre vital qu'est la rencontre, ce « début vivant », nous saurons orienter notre relation à l'aide des technologies, plutôt que de nous laisser guider par elles. Dans ce domaine également, les parents sont les premiers éducateurs. Mais ils ne doivent pas être laissés seuls ; la communauté chrétienne est appelée à être à leurs côtés pour qu'ils sachent enseigner aux enfants à vivre dans un monde de communication, conformément aux critères de la dignité de la personne humaine et du bien commun.

[…] La famille, en fin de compte, n'est pas un objet sur lequel on communique des opinions, ou un terrain où l'on se livre à des batailles idéologiques, mais un milieu où l'on apprend à communiquer dans la proximité, et elle est un sujet qui communique, une "communauté communicante". Une communauté qui sait accompagner, célébrer et faire fructifier. […] Les médias ont tendance à présenter parfois la famille comme s'il s'agissait d'un modèle abstrait à accepter ou à rejeter, à défendre ou à attaquer, et non une réalité concrète à vivre ; ou comme s'il s'agissait d'une idéologie de l'un contre l'autre, plutôt que le lieu où tous nous apprenons ce que signifie communiquer dans l'amour reçu et donné. Dire signifie bien comprendre que nos vies sont tissées dans une seule trame unitaire, que les voix sont multiples et que chacune est irremplaçable.

La famille la plus belle, protagoniste et non pas problématique, est celle qui sait communiquer, en partant du témoignage, de la beauté et de la richesse de la relation entre homme et femme, et entre parents et enfants. Nous ne luttons pas pour défendre le passé, mais nous travaillons avec patience et confiance, dans tous les milieux que nous habitons au quotidien, pour construire l'avenir.

Offrir sa vie ne signifie pas obligatoirement mourir

Audience générale du 7 décembre 2015 :

Les mères sont l'antidote le plus fort à la diffusion de l'individualisme égoïste « Individu » signifie « qui ne peut pas se partager ». Les mères, en revanche, se « partagent », à partir du moment où elles portent un enfant pour le mettre au monde et l'élever. […] Ce sont elles qui témoignent de la beauté de la vie. L'archevêque Oscar Arnulfo Romero disait que les mères vivent un « martyre maternel […] Oui, être mère ne signifie pas seulement mettre au monde un fils, c'est également un choix de vie. Que choisit une mère, quel est le choix de vie d'une mère ? Le choix de vie d'une mère est le choix de donner la vie. Et cela est grand, cela est beau.

[…] Offrir sa vie ne signifie pas obligatoirement mourir. Avoir l'esprit du martyre signifie servir dans le silence et la prière, accomplir son devoir avec honnêteté... Comme une mère, qui vit petit à petit et sans crainte le martyre maternel... il s'agit d'un choix de vie. Une société sans mères serait inhumaine. Les mères sont présentes y compris dans les pires moments. Pleines d'attentions, elles sont une force morale qui transmet souvent aussi aux enfants le sens profond de la religion et de sa pratique... Il s'agit d'un message que les mères croyantes savent transmettre sans explications. Si celles-ci viendront après, elles font grandir le germe de la foi sans lequel il n'y aurait pas de nouvelles générations de fidèles. Sans les mères...la foi perdrait bonne part de sa chaleur et de sa profondeur... Or l'Église est notre mère. Nous avons une mère et ne sommes pas orphelins. Nous sommes fils de Marie et fils de l'Église. Merci à vous les mères pour ce que vous êtes au sein de la famille, pour ce que vous offrez à l'Eglise et au monde. Merci à toi, Église, d'être notre mère, et à Marie d'être la mère de Dieu qui nous présente Jésus ».

Si un grand ami, dit une insulte contre ma mère, un coup de poing arrive!

Aux Philippines, le 15 janvier 2015 (réponses à des journalistes après un attentat à Paris qui a fait 13 morts) :

« La liberté d'expression est non seulement 'un droit humain' mais 'une obligation' morale. Chacun a non seulement la liberté, le droit, mais il a aussi l'obligation de dire ce qu'il pense pour aider le bien commun. […] Pensons à un député, à un sénateur: s'il ne dit pas ce qu'il pense être le vrai chemin, il ne collabore pas au bien commun. Et pas seulement eux, beaucoup d'autres. Nous avons l'obligation de parler ouvertement, d'avoir cette liberté, mais sans offenser. Parce que c'est vrai, on peut réagir violemment. Mais si […] un grand ami, dit une insulte contre ma mère, un coup de poing arrive! […] On ne peut pas provoquer, on ne peut insulter la foi des autres, on ne peut pas se moquer de la foi […] Chaque religion, qui respecte la personne humaine, a sa dignité. Le pape Benoît avait parlé de cette mentalité post-positiviste, qui finit par conduire à croire que les religions ou les expressions religieuses sont une sorte de sous-culture, qu'elles sont tolérées, mais sont peu de chose, qu'elles ne font pas partie de la culture des Lumières […] Tant de gens parlent mal des religions, s'en moquent, 'jouent' avec la religion des autres. Ils provoquent […] Toute religion a sa dignité, toute religion qui respecte la vie humaine, la personne humaine. Je ne peux pas m'en moquer. Et c'est une limite. J'ai pris cet exemple de la limite pour dire que dans la liberté d'expression il y a des limites, comme celle de maman. On ne peut pas insulter la foi des autres […] On ne peut tuer au nom de Dieu, c'est une aberration. »

Dans l'avion du retour, le 19 janvier 2014 :

« En principe, on peut dire qu'une réaction violente devant une offense n'est pas une bonne chose. On ne doit pas le faire […] En théorie, on peut dire ce que l'Évangile dit : nous devons tendre l'autre joue. En théorie, nous pouvons dire que nous avons la liberté de s'exprimer. En théorie, nous sommes tous d'accord. » Mais « les réalités sont plus importantes que les idées. Nous sommes des êtres humains, il faut la prudence : c'est une vertu de la coexistence humaine. Je ne peux pas provoquer, insulter continuellement […] Le risque est de recevoir une réaction injuste. La liberté d'expression doit tenir compte de la réalité humaine. Pour cela, elle doit être prudente, éduquée ».