Visite du Pape en RDC. Être volontaire

Alain, Igor, Benjamin, Abedi, Julien… Ils se sont proposés comme volontaires lors de la visite du Pape en RDC, et nous racontent leurs impressions.

Alain, étudiant de Polytechnique. Cela faisait 38 ans depuis 1985, qu'un Pape ne venait pas en visite apostolique au Congo. C'était, dirait-on, émouvant de le vivre pour quiconque, mais encore plus enthousiasmant pour tout chrétien catholique vivant au Congo.

Le report du voyage, prévu initialement en juillet 2022, que nous avons vécu comme une contrariété est devenu pour moi une opportunité pour prier plus intensément pour le Pape François, considérant qu'il a également besoin de nos prières être en forme et pour accomplir ses multiples occupations. Cette décision a encore été enrichie quand je me suis approprié et de la belle initiative que le hashtag "#Mbote François" proposait, à travers différents messages dans les réseaux sociaux, d'offrir sa participation à l'Eucharistie, la prière du rosaire, etc. en vue de l'effectivité de la visite papale.

Constitués en équipe de volontaires, du centre Loango, à Righini, nous nous sommes dirigés vers Ndolo pour la veillée programmée, et là, nous avons a pris soin d'installer les confessionnaux et orienter les fidèles aux endroits prévus pour le sacrement de la pénitence, durant la nuit. C'était magnifique ! 

En tant que "volontaires", à côté de milliers d'autres jeunes, nous avions la tâche d'assurer la sécurité des biens et des personnes sur le site avant, pendant et après la Messe. Ce moment passé ensemble avec le Pape François, nous l'avons éprouvé comme une vraie bénédiction. Son message nous a touché le cœur, nous invitant à une vraie conversion, au pardon et à une vie plus fraternelle.

Igor, Ingénieur métallurgiste. Au début je me suis dit j'irai seulement à la Messe et je suivrai la rencontre avec les jeunes à la télé. Tout a changé quand quelqu'un m'a parlé de la possibilité d'être volontaire lors de la messe du Pape à Ndolo qui plus est, avec quelques amis étudiants, j'avais une tâche précise : orienter les fidèles désireux de se confesser durant la veillée, en préparation de la célébration eucharistique.

Plus je participais aux réunions et apprenais à me repérer sur le site de Ndolo, plus l'enthousiasme montait. Le jour de l'arrivée du Pape, je suis donc allé pour voir le Pape passer près de ma maison. Waouh, là je l'ai vu, vu de mes propres yeux ! Je n'en revenais pas. J'ai presque raté de prendre la vidéo dans le téléphone, car j'avais du mal à le quitter des yeux.

Le soir, je suis allé à Ndolo, où aurait lieu la Messe le lendemain. Nous y avons passé toute la nuit, quelle expérience j'ai vécu ! Des files très longues des personnes qui se confessent, des prêtres à conduire aux confessionnaux, distribuer des guides de pénitents… Franck, Gaël et moi avions formé une petite équipe, parmi beaucoup d'autres. 

Nous passions dans les zones pour rappeler aux personnes que les confessions avaient commencé. Là un monsieur qui avait son âge, peinant à trouver la bonne position pour fermer l'œil nous dit : "Et vous, vous vous êtes déjà confessés ?". Et il ajoute "parce que vous les jeunes vous nous faites peur". Quelle façon directe de parler mais aussi quelle interpellation ! Effectivement, nous avions cette bonne habitude, mais je ne pensais pas que les jeunes avaient la réputation auprès des personnes âgées de ne pas trop fréquenter ce sacrement. Nous avons continué jusqu'à très tard.

La visite du Pape pour moi sera une chose que je raconterai toute ma vie. Mon frère qui travaille à Kolwezi m'a dit: "Tu t'es retrouvé au bon endroit au bon moment". En effet, je peux dire que j'ai eu beaucoup de chance ! 

Benjamin, étudiant en Santé Publique. Après le report du voyage l'année passée, la nouvelle de son arrivée m'a donnée de l'énergie papale (l'adjectif ''papale'' pour ceux qui ne le savent pas est devenu très fameux, presque tout était papal), quoi de mieux pour commencer une nouvelle année... J'avais donc pris la décision de le voir tous les jours de son séjour dans notre ville léopard (Kinshasa). 

3 jours d'affilée j'ai vu le Pape. Lors de son passage depuis l'aéroport sur le boulevard Lumumba pour la première fois, bien qu'il n'a même pas regardé du côté où j'étais. 

Puis, nous avons passé nuit avec des amis à Ndolo, j'étais volontaire pour orienter toute la nuit les personnes vers les confessionnaux. J'avoue que pendant la nuit, il faisait trop froid ! J'avais un peu envie de rentrer chez-moi, mais ma patience à bien payé. L'entrée époustouflante du Pape dans sa papamobile accompagné de son éminence le Grand chancelier de mon Université. Les personnes pour qui je priais beaucoup pour la visite étaient là devant moi tous ensemble. !!! Waouh ! 

Enfin je l'ai vu le jour de la rencontre avec nous les jeunes. J'ai ressenti un feu ardent qui m'a dit que c'est possible : nous pouvons vraiment changer le monde en utilisant nos mains pour les bonnes causes, et dire non aux antivaleurs. Comme saint Jean, si je dois raconter tous les faits et geste, je n'en finirai pas.

Abedi, étudiant en Chimie. Je suis en train de suivre une catéchèse sur la doctrine catholique, et peu avant la venue du Pape, l'abbé Alberto nous a parlé de la structure de l'Eglise catholique et son organisation. Il nous a souligné la souveraineté du Pape au sein de l'Eglise catholique, et je m'étais dit: Quel personnage !, quel jour le verrai-je en personne ? 

Sur le terrain de basket du Centre Loango, Hervé m'a parlé des confessionnaux, desquels on devrait s'occuper avant, pendant et après la Messe célébrée par le Pape à Ndolo. J'étais très content de savoir que j'aurai aussi un rôle à jouer à cette grande manifestation. 

Quelques jours plus tard, Costa m'approcha pour me parler de la possibilité d'être un des volontaires, et je n'ai pas réfléchi deux fois pour lui dire oui. Tout ce que je voulais c'était me sentir utile à cet événement mémorable.

Mon travail dans la nuit de la veillée, était celui, tout d'abord, de compter le nombre des confessionnaux dans les différentes zones que moi et mon équipier de la soirée Thomas, avions choisi. Puis de rester à côté d'un confessionnal pour nous assurer que les choses se fassent de la plus belle de manière possible. 

Julien, étudiant en Architecture. Le Pape vient dans mon pays ! C'est l'un des plus beaux cadeaux que l'on puisse m'offrir ! Mais comment l'accueillir ? Il a l'habitude de donner une catéchèse, appelée audience générale, chaque mercredi. La sagesse et la simplicité du Pape ne cessent de m'impressionner ! 

En outre, je profite de chaque occasion : la Sainte Messe, le Saint-Rosaire en famille, une oraison jaculatoire…, pour prier pour lui, ainsi que pour les fruits de son voyage. Mais, je ne trouve toujours pas cela suffisant, il faut que j'en fasse plus !

Lors de l'annonce du voyage du Pape en juillet passé, une initiative du Centre Culturel Loango visait à faire mieux connaitre le pape François au public. Du plus petit au plus grand détail de sa personnalité. Pour ce faire, on se mit à réaliser de courtes vidéos et à les publier sur YouTube. Cela devint le projet MboteFrançois, qui connut et connait un grand succès ! 

Après le report de ce voyage, maintenant il s'agissait de la possibilité d'intégrer l'équipe des volontaires dans l'organisation. Mais volontaires pourquoi ? 

Quelqu'un avait eu la bonne idée de commander 100 confessionnaux amovibles pour permettre aux fidèles de se confesser la veille de la Messe à l'aérodrome de Ndolo, présidée par le Souverain Pontife. C'est avec une grande joie que je répondis à l'invitation d'intégrer le 'Service Pénitence'. 

Maintenant, au travail ! Il faut préparer les confessionnaux : la première étape consiste à placer les guides du rite en français et lingala pour le prêtre et le pénitent. La seconde, à les nettoyer, la troisième, à les bénir et la dernière, à les charger dans le camion qui les transportera à Ndolo. Quel travail éprouvant ! Je pense à la dextérité de Saint Joseph pendant que je place les guides, et je me dis que j'ai encore du chemin à faire. 

Le nettoyage se déroule sous un soleil non brillant mais grillant. Un ami, Jules, m'encourage avec un commentaire surnaturel, disant qu'il ne nettoie pas simplement du bois, mais le bois qui servira à nettoyer l'âme des fidèles. Je renvoie la balle, en paraphrasant les mots du Pape, que Dieu ne se fatigue pas de pardonner mais que c'est plutôt nous qui nous fatiguons de lui demander pardon. 

La bénédiction des confessionnaux faite, il faut les charger dans le camion. Étudiant sans trop d'habitudes physiques, je suis épuisé, mais j'offre la fatigue pour les fruits du voyage du Pape. Enfin, pour clore la journée, nous avons tourné une vidéo MboteFrançois, surnommée Confessions à Ndolo (vous pouvez aller la voir sur YouTube ;).

1er février, 12h moins le quart. La Messe est finie et je suis toujours debout. Je ne veux qu'une chose : rentrer à la maison et m'asseoir ! Mais, ma conscience me questionne, elle me demande si je pense aux confessionnaux éparpillés dans les différentes zones… 

Presque au même moment, je reçois ce message sur WhatsApp : "Opération rassemblement des confessionnaux à la zone 1". En plus de cela, nous devrons les transporter à la sacristie, se trouvant à l'arrière de l'estrade. Bon Dieu, j'hallucine ! Je suis à moitié mort et on me demande de fournir encore des efforts ! Je me ravise en me disant qu'il s'agira d'un autre sacrifice à offrir. Effectivement, ce fut un travail pénible mais, comme on dit en lingala : "Qu'est-ce qui ne finit pas ?" 

Après cela, l'équipe MboteFrançois, c'est-à-dire, les volontaires de Loango, eurent l'honneur de monter sur l'estrade pour éterniser ce moment !